Alexandra Satger

D'aussi loin que je me souviennes, j'ai toujours aimé chanter... Mais je suppose que le premier vrai déclic se passe lorsque j'intègre ma première chorale, à 17 ans . La force du chant partagé, le résultat qui est bien plus que la somme des individus réunis me fascine alors et ne cessera jamais plus de me fasciner. J'entame  un parcours de formation professionnelle, qui m'emmènera vivre à Londres ou je découvre et m'initie au jazz , puis  à Cuba, et outre l'incroyable richesse et diversité des traditions musicales présentes sur l'île, je suis marquée par la fonction sociale, concrète, de la musique et des musiciens. Du culte, aux mariages et aux enterrements, la musique est à l'intérieur des cours et des maisons, elle est dans la rue, la musique est partout, indissociable du quotidien, et de tous les événements importants d'un parcours de vie. C est une toute autre posture de l'artiste musicien que je regarde là bas. On ne va pas  le voir, l'écouter, c 'est lui qui vient « vivre avec ».  Je passe beaucoup de temps dans les cérémonies de Santeria, entrevoit l'immensité et la beauté du répertoire sacré,  syncrétique  , chanté par des assemblées entières, et suis touchée de tout ce que je découvre de cette incroyable mixture de musique Européene et d'Afrique mélangée.

Je poursuis en rentrant en France ma formation en musique Afro-cubaine au conservatoire de Toulon, et ouvre ma première chorale, Afrimayé, dont le répertoire explore plus largement la caraïbe.

Je fais parallement mes premiers pas de comédienne au sein de la Rara Woulib, et la collaboration avec Julien Marchaisseau, directeur et  metteur en scène de la compagnie devient rapidement très fructueuse. Nous intégrons de nombreuses chorales à nos spectacles oniriques, des déambulations dans l'espace public inspirées de l'univers des Rara Haitiennes,. J'explore avec les choristes toutes les possibilité de la mise en espace, ils deviennent eux aussi des « personnages » et découvre à quel point le travail théâtral, de corps, de présence, de connexion aux autres et à son environnement  est  enrichissant, pour chacun et pour l'ensemble.

A la Nouvelle Orleans, le jazz est un bal, le carnaval une cérémonie, les trois destinations, Haiti Cuba Nola, tressent depuis des siècles les branches entremêlées de leurs racines communes.

En 2016, j'ai l'opportunité de créer Souvnans, un octet que j'imagine comme la rencontre d'un quartet de jazz men et d'un autre de chanteurs traditionnels. Nous explorons depuis les résonances entre les îles, la frontière entre concert et cérémonie, entre sacré et profane, et construisons le repertoire comme un voyage interieur que l'on ferait ensemble.